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Journée mondiale du livre
Accra (Ghana) a été nommée Capitale mondiale du livre de l’UNESCO 2023. L’année des célébrations a commencé le 23 avril, à l’occasion de la Journée mondiale du livre et du droit d’auteur. « Choisie par la Conférence générale de l’UNESCO en 1995, cette date symbolique de la littérature universelle marque la disparition des écrivains William Shakespeare, Miguel Cervantes et Inca Garcilaso de la Vega ». Trois auteurs européens morts le 23 avril 1616 pour symboliser la littérature universelle ? Pourquoi pas. La littérature n’a pas de frontières – ni géographique, ni linguistique, encore moins dans son fond ou dans sa forme. Ses propres limites ne seraient que celles de l’esprit. A l’occasion de cette journée mondiale du livre, la bibliothèque du Défap a choisi de mettre en lumière trois ouvrages – dont deux romans en lien avec Accra – d’auteurs ghanéens.

Poète se réclamant du ‘spoken word’ – art d’oraliser un texte, souvent soutenu par une autre forme artistique comme la musique -, Nii Ayikwei Parkes a utilisé très justement le pouvoir des mots et des langues pour écrire son premier roman. La langue twi se mêle à l’anglais et au pidgin ; deux voix narratives se juxtaposent : celle du village ghanéen – à travers les ancêtres et Yao Poku le vieux chasseur – ; celle d’Accra – à travers les policiers et Kayo le jeune légiste tout juste rentré d’Angleterre. Après s’être égarée dans un village perdu, une jeune femme fait une découverte effrayante et fétide dans la case d’un planteur de cacao. Elle est la maîtresse d’un ministre et provoque la mise en place d’une enquête. Voilà comment les méthodes scientifiques de Kayo vont entrer dans le village et se heurter aux ancêtres et aux traditions du village. A la fois drôle et dramatique, ce roman doit aussi sa réussite à une traduction habile et fidèle de Sika Fakambi.
Notre quelque part. Nii Ayikwei Parkes. Paris, ed. Zulma. 2016. 269 p. (cote 120.29 PAR)
Le philosophe questionne le concept d’identité à travers six catégories fréquemment utilisées pour la définir : la croyance, le genre, la citoyenneté, la couleur, la classe ou la culture. Selon lui, « nous commettons une erreur : celle de supposer qu’au cœur de chaque identité il existe une similarité profonde qui relie les personnes ayant en commun cette identité ». Comprendre les identités, c’est d’abord reconnaitre que ces erreurs peuvent être délétères car clivantes. Mais c’est aussi admettre leur rôle « dans la manière dont les identités nous unissent ». Avec un objectif : « il faut que nous les réformions parce que, lorsqu’elles opèrent de façon optimale, elles permettent […] de faire des choses ensemble ». S’appuyant sur des exemples concrets et en particulier sa propre expérience – fils d’un père ghanéen et d’une mère anglaise, né en Angleterre et vivant aux États-Unis, homosexuel – il démontre que nos identités sont le fruit d’une histoire qui nous est propre mais qui s’enrichit aussi des récits des autres. Il nous amène à repenser l’identité à lumière du cosmopolitisme, brassage et partage des cultures.
Repenser l’identité : ces mensonges qui unissent. Kwame Anthony Appiah. Paris, Grasset. 2021. 408 p. (cote 280.16 APP)


Sujet très actuel que porte le roman d’Ama Ata Aidoo : après son divorce, une jeune femme se consacre à son travail. La rencontre avec un musulman marié va bouleverser sa vie. Passionnément amoureuse, elle l’épouse et se trouve ensuite confrontée aux réalités de la vie conjugale qui vont heurter ses sentiments et ses convictions. Les écrits d’Ama Ata Aidoo mettent souvent en lumière des personnages féminins qui s’opposent à un environnement oppressif et cassent les préjugés pour révéler des identités féminines fortes. Ancienne ministre de l’Éducation du Ghana, romancière et poétesse féministe, Ama Ata Aidoo a toujours alerté sur le sort des femmes africaines et sur leur rôle majeur pour faire évoluer la société. Bien que prolifique dans ses écrits et connue dans le monde anglophone, elle n’a, à ce jour, que ce seul roman traduit en français.
Désordres amoureux. Ama Ata Aidoo. Zoé éditions. 2008. 213 p. (cote : 120. 29 (667) AID)
Nuits de la lecture 2023

Après le thème de l’amour en 2022, les Nuits de la lecture vont faire vivre une nouvelle émotion, celle de la peur. Pour l’occasion, le Défap organise une soirée de lectures à voix haute le vendredi 20 janvier sur le thème « Peur de l’autre ».
Dans les albums et contes, dévoreurs à dents longues, sorcières, diables et autres monstres nous parlent de nos peurs enfantines – ce qui nous dépasse, nous menace, ce qui nous est inconnu.
Adultes, nos lectures continuent à interroger notre intériorité et notre regard sur le monde : que deviennent alors nos peurs enfantines ? Peur de l’autre, étranger qui vient fracturer notre intime dans la rencontre ? Peur de l’autre, étrange-té inavouable – parce que inacceptable – en nous ? Des sélections de textes, puisés dans les rayonnages de la bibliothèque, vont venir éclairer cette question.
Information et inscription ici
Journée internationale de la traduction
Adoptée par les Nations Unies en 2017, cette journée « est l’occasion de rendre hommage aux spécialistes des langues et de souligner l’importance de leur travail pour unir les nations, faciliter le dialogue, permettre la compréhension et la coopération ». Les collections de la bibliothèque du Défap reflètent toutes les promesses de la traduction, pont entre des cultures, des univers de pensée, des expériences humaines. Ce travail de traduction – déjà abordé avec les Bibles (cf. article ci-dessous) – se révèle aussi dans la littérature.
« Arrêt sur page ».
Andromaque de J. Racine (cote : 52096 B130) traduit par Dox (1913-1978), poète malgache. Auteur de plusieurs recueils de poésie et pièces de théâtre en langue malgache, Dox avait à cœur la valorisation de sa langue maternelle ; cela passait aussi par la traduction de grands auteurs de la littérature mondiale (Ronsard, Corneille, Hugo ou Shakespeare mais aussi ses contemporains comme le sud africain Alan Paton).
« Dodo bonimenteur » : collection unique en son genre (lancée en 2011) et formidable outil de l’interculturalité. Avec elle, la maison d’édition Dodo Vole (créée à La Réunion en 2006) s’ouvre aux contes régionaux. Elle les publie en bilingue français-malgache, illustrés par des écoliers dans le cadre d’échanges pédagogiques. L’originalité du projet ? La traduction, oui, mais « de partout vers partout » : un conte malgache traduit en français, un conte français traduit en malgache… pour tisser des liens entre enfants des deux pays dans le respect de la langue et de la culture de chacun. Récemment, la collection s’est ouverte aux langues africaines (sérène et wolof).
Le merle blanc = Ilay tsikorovana fotsy, un conte normand choisi et illustré par des enfants de Caen, traduit par Johary Ravaloson. (cote : 120.26 GAR)
Rakakabe niavin’ñy kakazo = Rakakabé ou l’origine de l’arbre, un conte betsimisaraka de Madagascar, traduit par Johary Ravaloson, et illustré par les élèves de Bras Carnot à Saint-Paul de La Réunion.

Andromaque : na ny avelon’ ny vady lalaina sa ny ain’ ny menaky ni aina? / Racine, Jean, Auteur; Razakandrainy, J.V.S, Traducteur. – [S.l.] : Fikambanana Koltoraly Albert Camus, 1964.

Conte raconté par C. Garrigue, traduit en malgache par J. Ravaloson,
illustré sous la conduite de Mary-des-ailes par les élèves de l’école primaire Lemière de Caen. Éd. Dodo vole.
Journée européenne des langues
Créée en 2001 par le Conseil de l’Europe, elle est l’occasion de « sensibiliser le public à la riche diversité des langues et de promouvoir le patrimoine linguistique de l’Europe ». Dans nos rayonnages repose un patrimoine méconnu : une collection de Bibles (près de 600 volumes) traduites dans plus de 200 langues. Celle-ci témoigne du travail des sociétés bibliques et de celui des missionnaires dans leurs interactions avec les populations locales.
« Une expression de cet enthousiasme soudain pour l’évangélisation du monde fut la fondation rapide d’une série de sociétés bibliques, toute vouée à la propagation internationale de la parole de Dieu. Le phénomène fut surtout protestant » (C. de Hamel. La Bible. Histoire du Livre. 2002).
Dès la fin du 18e s., les sociétés bibliques ont à cœur d’apporter le texte biblique au plus près des gens, en Europe comme « jusqu’aux extrémités de la terre ». C’est ainsi qu’au Défap, des bibles en malgache côtoient celles en celte, des nouveaux testaments en breton se trouvent rangés à côté de psaumes en éwé (Togo) et des évangiles en basque se serrent contre des bibles en fang (Gabon). Certains de ces documents sont des exemplaires de travail corrigés et annotés de la main du traducteur.

Bible en irlandais, 1817. Cote : 15237.
Bible en gallois, 1826. Cote : 15236.
Bible en gaélique, 1828. Cote : 15186.
Bible en breton, 1890. Cote : 15166.
Nouveauté Madagascar

De Tananarive, Jean Beigbeder écrit à son père en France. Il laisse une correspondance unique, « à la croisée de l’individuel et du social ». Entre 1924 et 1927, celui que ses éclaireurs ont totémisé « Z’œil de chouette » a reçu mission de lancer sur la Grande Île deux mouvements de jeunesse, le scoutisme et le « Foyer », une section des Unions chrétiennes de jeunes gens.
Autour de 1914-1918

Publié aux éditions Ampelos – novembre 2018 (couverture ci-contre)
Paul Helmlinger, futur missionnaire au Cameroun, raconte son « Odyssée prussienne ». Ou comment un étudiant en théologie alsacien, attaché à la France, a vécu la Première guerre mondiale dans l’armée du Kaiser.
LIRE AUSSI : 1914-1918 Les protestants français et la mission, entre patriotisme et universalité : parcours d’archives
VOIR : 1914-1918, une société de mission dans la Guerre : expositions en ligne
ECOUTER : L’année 1918 et le retour « à la maison » des soldats venus d’au-delà des mers – avec J.-F. Faba