Une famille malgache dans la guerre
En France
Idée originale et recherches dans les archives : Bernard Moziman
Joseph Ranaivo
La guerre est la première occasion pour Joseph de venir en France. Après Marseille où il a débarqué début juillet 1915, et Toulon, le voici stationné à Hyères comme soldat de 2e classe au 4e régiment d’infanterie coloniale, 24e compagnie. Pendant quelque temps, sa famille le croit parti dans les Dardanelles. Mais en décembre, sa soeur écrit qu’il est en Champagne. Le 20 juillet 1916, au cours de la bataille de la Somme, il est tué au combat. Il a vingt-et-un ans.
En 1915, il écrivait à Bianquis :
Je suis à présent instructeur pratique et théorique ici, j’apprends aussi à lire et à écrire aux illettrés ; je m’y intéresse beaucoup mais mon plus grand désir est d’aller sur le front recevoir un peu le baptême du feu et combattre, comme vous le dites si bien, pour la justice et la paix des nations.

Dans un dernier courrier de juin 1916, Joseph évoque l’éventualité d’être tué au combat. En des termes émouvants, il confie « sa chère petite famille » à son ami Guy Parson.
Il n’oublie pas d’ajouter :
Si ce malheur m’arrive, tu écriras à tous les amis de Paris que tu connais plus que moi, sans oublier les Sauvy d’Arcueil-Cachan.
Guy Parson
Guy Parson vient tout juste de finir ses études de médecine à Paris. Il annonce à Jean Bianquis qu’il est nommé médecin auxiliaire à l’Hôpital militaire de Versailles (Hôpital Dominique Larrey). En 1916, on le retrouve médecin sur le front, au sein du 12e régiment d’artillerie.
A Bianquis, qui s’est soucié de lui depuis son arrivée en France, il écrit :
Vous avez été pour moi un vrai Ray aman-Dreny (litt. père et mère), surtout dans un pays où nous sommes si loin des nôtres.
Plus âgé que Joseph, et arrivé en France bien avant lui, Guy Parson semble parfaitement « intégré » au milieu de la Mission protestante.
Ainsi, encore à l’hôpital de Versailles, il se propose de rendre visite au pasteur Wilfred Monod dont Jean Bianquis vient de lui envoyer l’adresse.
Sur le front, il espère voir Frank Christol, missionnaire au Zambèze, et fils du pasteur Frédéric Christol, qui est dans un secteur proche du sien.
Il est aussi en relation épistolière avec Mlle Froment, missionnaire en congés mais sur le point de repartir à Madagascar.
Enfin, il confie :
Face à l’ennemi, sous un terrible bombardement ces derniers jours je lisais les conférences du prof[esseur] Raoul Allier