une mission héroïque 1885

le Zambèze ou l'épopée d'un missionnaire charismatique, François Coillard, le "Livingstone français"

Historiographie ou hagiographie ?

L’histoire de la vie de François Coillard, fondateur de la Mission au Zambèze, évoque immanquablement la légende dorée des saints. Celui que  a nommé « le Livingstone français », s’est forgé en milieu protestant une grande renommée. C’est en « soldat du Christ, comme il se désigne lui-même, que François Coillard a pris la tête d’une petite expédition depuis le Lesotho.

« La Mission du Lesotho a été pour moi une école qui, dans mes souvenirs, reste incomparable, et où j’ai profité des trésors de vos premières expériences. Vous avez posé les fondements sur lesquels il ne nous reste qu’à édifier. »
(Lettre à Eugène Casalis)

Pénétrer en pays lozi, sur les rives du Zambèze

Le 23 août 1885, Coillard s’apprête à traversez le fleuve Zambèze au delà duquel va s’ouvrir pour la Mission de Paris de nouvelles terres à évangéliser, dans le champ colonial britannique. Coillard parsème son parcours de stations sur le modèle du Lesotho, la « mission école ». Il pénètre enpays lozi et, comme Casalis avec Moshoeshoe, contracte une alliance avec le roi Lewanika. La demande politique du roi est précise : intervenir auprès desautorités britanniques pour obtenir un protectorat. Les missionnaires français en milieu anglophone occupent une position particulière : ils bénéficient d’un a priori favorable dans la mesure où leur confession protestante rejoint celle de la majorité des Anglais, et où, comme Français, ils ne défendent pas les intérêts coloniaux de leur pays.

Coillard parsème son parcours de stations sur le modèle du Lesotho, la « mission école »

Les dures réalités d’un climat tropical

Le climat est insalubre, débilitant ; le paludisme, les fièvres déciment envoyés, les relations avec les autochtones sont à l’origine de conflits, d’incompréhensions et pourtant c’est sur ces difficultés mêmes, sans cesse surmontées malgré la mort, que va se forger la réputation du missionnaire et se construire sa légende.

Soutien moral, soutien pécuniaire ? En toute circonstance, témoigner…

Les aventures exotiques sont au goût du jour. En tournée en France avec sa femme, Coillard souhaite sensibiliser le protestantisme à la Mission du Zambèze. Très demandé, il a un vrai don de conteur, on boit ses paroles, on réclame du pittoresque, des récits de fauves ! Cela l’irrite, car ce qui compte pour lui, avant tout, c’est la « conversion des âmes ». Les récits de voyage intéressent mais ne délient pas les bourses… Devant s’exprimer devant un public qui compte un certain nombre de libres penseurs, il est invité par le pasteur à n’introduire ni prière, ni cantique, sans occulter totalement la dimension spirituelle de son engagement. Coillard raconte son expédition chez les Nyai, son char embourbé, sa femme menacée de mort, ses collaborateurs cernés par des guerriers agressifs. Puis, fixant son public bien en face, il s’écrie :  » Et vous, qu’est-ce que vous auriez fait à ma place ?  » Personne ne répondit et alors qu’on entendait une mouche voler Coillard lance : « Eh bien moi, j’ai prié Dieu et il m’a exaucé. »

Explorateur, reporter photographe, écrivain

En pays lozi, à la suite de Livingstone, il explore les rives de l’immense fleuve Zambèze, il fait oeuvre d’ethnologue en photographiant le Zambèze moderne, ses stations missionnaires, ses écoles, ses temples : des clichés qui seront transformés à Paris en « vues lumineuses », ancêtres des diapositives, pour témoigner en Europe de l’oeuvre missionnaire. en 1897, il publie On the Treshold of Central Africa qui devient un best seller et est traduit en français l’année suivant sous le titre Sur le Haut-Zambèze.

Le Zambèze par F. Coillard, missionnaire et photographe