Une mission sans projet colonial

le Lesotho, premier champ de travail de la Mission de Paris

Sur les pas des huguenots

La Mission de Paris doit pouvoir compter sur le soutien du protestantisme français. L’Afrique australe évoque la mémoire des glorieux ancêtres huguenots condamnés à l’exil au lendemain de la Révocation de l’Edit de Nantes en 1685. Parmi les Afrikaner, paysans (Boers) d’Afrique australe, se trouvent leurs descendants.

Si les premiers protestants français se sont exilés, c’est pour préserver leur foi parmi les autres peuples. Si les missionnaires partent, c’est pour témoigner de leur foi aux autres peuples. Ils iront donc, au-delà des frontières de cette terre de refuge marquée par l’esclavage, là où le conflit des Bantous et des Boers menace l’autonomie des peuples bantou comme  les Basotho. Bientôt sous protectorat britannique, le Lesotho, leur pays, premier champ de la Mission de Paris, deviendra la référence d’une mission sans projet colonial.

Si les missionnaires partent, c’est pour témoigner de leur foi aux autres peuples.

Une rencontre providentielle, celle des premiers missionnaires et d’un peuple les Basotho

L’un des pionniers de cette aventure apostolique est Eugène Casalis. Avec ses compagnons, Thomas Arbousset et Constant Gosselin, il répond à l’appel du chef sotho Moshoeshoe, et gagne sa confiance. Il sera son conseiller politique et spirituel pendant plus de vingt ans

Le missionnaire Casalis côtoie un peuple attachant. Sensible à la dimension religieuse et à la richesse culturelle de ces hommes, il aura à coeur de les faire connaître dans un ouvrage qui leur est consacré : Les Bassoutos ou vingt trois années d’études et d’observations au sud de l’Afrique (1859).

Eugène Casalis a oeuvré au Lesotho de 1833 à 1856. De retour en France, il devient directeur de la Maison des missions à Paris

Le projet des uns ne correspond pas forcément à l’attente des autres

Ces premiers envoyés ont été les bienvenus dans la mesure où ils sont pu répondre aux attentes de chefs traditionnels désireux de fédérer sous leur autorité des ethnies dispersées et de les aider à construire une nation moderne. 

C’est sur cette base d’une offre religieuse et d’un attente politique que s’est établi un « malentendu productif » qui a permis à l’Eglise et à la nation sotho de grandir côte à côte. 

Venus avec une offre de type religieux… les missionnaires doivent répondre à la demande d’un soutien politique

Le résultat comme le but de la mission du point de vue ecclésiastique, c’est l’établissement d’une Eglise indigène, sous la direction de pasteurs indigènes avec un système d’autonomie financière. La mission se transformera ainsi en communautés locales chrétiennes et l’oeuvre missionnaire devra se transporter plus loin ! (1851), Henri Venn, directeur de la Church Missionary Society.
Morija, première station missionnaire du Lesotho

Le 9 juillet 1833 est fondée à Morija la première station missionnaire du Lesotho. elle inaugure une stratégie d’évangélisation où prime le respect des populations et des institutions autochtones. pasteurs, évangélistes, instituteurs et artisans seront les chevilles ouvrières de ces stations. 

Préserver et développer la spécificité culturelle des peuples évangélisés a été une des priorités de la Mission de Paris à travers la traduction de la Bible en langue vernaculaire, l’introduction de la lecture et de l’écriture dans des sociétés de tradition orale.

Dessins du missionnaire Maeder