Après de nombreux mois passés au milieu des archives de l’ancienne Société des Missions Évangéliques de Paris, il m’apparaît comme une évidence que la question de l’exil se pose de multiples façons dans l’histoire missionnaire. L’exil imposé par la distance géographique entre les missionnaires et leurs pays d’origine est le plus évident, tout comme celui des missionnés qui séjournent en France.
Cette distance géographique entraîne bien souvent un exil culturel et sentimental, vécu différemment par chaque acteur de la mission. Les missionnaires, loin de chez eux et des leurs, se trouvent confrontés à la découverte d‘un quotidien différent, qu’ils occidentalisent toutefois avec des objets qu’ils emportent avec eux. Face à eux, les missionnés vivent un exil inverse. Sans quitter leurs régions ou leurs villages, ils sont incités à quitter leur mode de vie pour un autre.
La malle de voyage d‘Élie Allégret symbolise ces différents exils, tant géographiques que culturels, liés à la distance. Elle est un objet en voyage qui accompagne le missionnaire loin de chez lui, en lui permettant d‘emporter des objets de son quotidien d‘Européen. D‘un autre point de vue, elle est aussi le vecteur et le symbole d‘une culture chrétienne et européenne qui cherche à se diffuser largement, notamment en Afrique.
Chaque acteur de la mission, missionnaire ou missionné, vit l’exil d‘une façon différente. Le propos de cette présentation n’est donc pas de présenter une vue d’ensemble qui se voudrait générale et donc réductrice. Trois regards, trois expériences de l’exil seront évoqués :
- Celui d’Élie Allégret qui découvre l’Afrique et la réalité du travail et de l‘éloignement missionnaire
- Celui de son épouse, Suzanne, qui se soumet à l’exil que lui impose son mariage et qui souffre de la séparation avec les siens
- Enfin, celui de jeunes hommes malgaches qui s’engagent comme militaires pour servir la France durant les deux guerres mondiales