Militaires malgaches en métropole
Pendant la guerre 1914-1918, de nombreux Malgaches intègrent l’armée française. Parmi eux, on trouve des protestants ayant fréquenté la Mission de Paris à Madagascar. Ils correspondent avec la direction de la SMEP. Beaucoup sont dans le Sud de la France, à Toulon, Saint-Raphaël ou Marseille. Des cultes sont organisés en malgache. Ils retrouvent parfois des missionnaires français de Madagascar, revenus en France pour servir comme aumônier militaire pendant la guerre. Ces contacts sont importants pour ces hommes qui se retrouvent à vivre dans un environnement très différent du leur.
En 1940 à nouveau, des Malgaches protestants sont mobilisés pour servir dans l’armée française. La SMEP organise leur accueil. Alfred Peyrot et Jean Vernier, deux missionnaires de Madagascar, engagés comme aumôniers militaires, rédigent un feuillet visant à préparer les visites des Protestants faites aux Malgaches hospitalisés. Il y est conseillé de faire appel à un interprète ou d’essayer de parler en malgache, quelques mots de vocabulaire sont d’ailleurs donnés. La SMEP se charge aussi de fournir à ces militaires des Bibles et des périodiques religieux en malgache. Il semble important pour la SMEP d’organiser des communautés protestantes malgaches afin de poursuivre l’évangélisation au sein de ces militaires en France.
Les photographies de ces groupes militaires sont similaires à celles des soldats de métropole : photographies de groupe, en tenue. Sur de nombreuses images, les hommes portent et exposent les Bibles qui leur ont été remises. Cette mise en valeur vise à montrer le travail de la SMEP au sein des communautés militaires malgaches.
A partir de 1941, les prisonniers de guerre comptent des Malgaches protestants. Des visites de pasteurs s’organisent dans les camps et une solidarité est demandée à la SMEP à travers l’envoi de Bible en malgache et de colis contenant de la nourriture et des lainages. Certains souffrent en effet des conditions climatiques de la France, notamment ceux qui sont emprisonnés dans le nord de la France.
Les soldats malgaches réalisent aussi des portraits cartes, destinés à être envoyés à leur famille ou à leurs connaissances en métropole : pasteurs, visiteurs, direction de la SMEP. Ce genre de pratique est courante chez tous les militaires et il existe de très nombreuses cartes de ce type dans les collections photographique militaires.
Mais le portrait suivant montre à quel point certains soldats malgaches s’immergent dans la culture occidentale au point d’en adopter les codes de représentation. Rien dans cette photographie n’évoque la culture malgache du jeune homme, Daniel. Le soldat lit une lettre, envoyée par sa famille ou ses proches. Il pose ensuite face à un livret ouvert en costume de ville. Enfin de nouveau en uniforme, il regarde l’objectif, un coude posé sur un livre, vraisemblablement une Bible. Dans le fond, un décor peint évoque une maison ouverte sur la campagne.

Cette carte, faite à Marseille en mars 1919, est adressée à mademoiselle Magnus, infirmière à la Croix-rouge et ancienne missionnaire à Madagascar. Le jeune soldat écrit :
Ma chère grande amie,
De votre désir, je vous ai promis de vous envoyer une photo. Je fais faire une douzaine et je vous envoie la douzième. Il me semble que toutes mes trois poses sont bonnes, mais l’une, en profil, manque mon bras gauche ! L’énigme m’est inconnu jusqu’à présent.
Je crois que vous n’oublierez à jamais votre Daniel dont sa sœur quoiqu’elle n’est pas bien pas rappelé par vous se rallie avec moi pour manifester l’hommage, sincère et reconnaissant.
Daniel
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